Le contexte
Août 1944, les alliés gagnent du terrain suite au débarquement en Normandie. Le 10 août, ils sont aux portes de Nantes. Progressivement les troupes allemandes se replient vers Saint-Nazaire pour en faire une place forte. La poche de Saint-Nazaire commence à se former.
Les habitants de Paimboeuf, qui avaient anticipé l’avance alliée, et organisé un défilé patriotique, se voient notifier par les autorités militaires allemandes en guise de représailles, l’évacuation de leur cité avant le samedi soir 12 août, 21 h 00.
Les foyers se répartissent dans les communes des alentours. La famille Martin trouvera refuge à Vue. Petit à petit les allemands se rabattent sur Saint-Nazaire pour y former une poche de résistance. Si côté nord, la ligne est clairement définie, elle est plus fluctuante côté sud vers Paimboeuf.
De nombreux jeunes et hommes peu formés aux techniques du combat rejoignent les FFI et utilisent la stratégie du harcèlement pour pousser aux désertions allemandes. Ces désertions sont encouragées par de la propagande alliée tractée par voie aérienne et par les actions de patrouilles FFI qui vont inciter ces soldats à se rendre.
Le 12 septembre 1944
C’est dans ce contexte qu’un habitant de Frossay, Jean-Léon Rondineau, nouvellement recruté au 10ème bataillon FFI de Loire-Inférieure (groupe Fourrier du Pellerin) rencontre dans un café à Vue, le paimblotin Alfred Martin. Avec un troisième homme, ils prennent la direction de Paimboeuf, espérant susciter des désertions. Vers 14 h 00, aux Quatre Routes de la Corbinais vers la Guinerais, ils rencontrent deux sentinelles allemandes.
La discussion s’engage. Contrôle de papiers ? Échange de tabac ? Intimidations et menaces réciproques ? Les trois hommes auraient même proposé un pain de deux livres aux soldats pour les pousser à la désertion ! L’une des deux sentinelles est un Russe blanc qui commence à fléchir, mais pas question pour l’autre de changer de camp. Le ton monte… Des tirs sont échangés. Un allemand et Jean-Léon Rondineau sont touchés. Ce dernier a des blessures aux bras et aux cuisses sans doute dues à une explosion de grenade.
Alfred Martin, malgré une blessure à la tête, court chercher de l’aide dans des maisons à la Trochelais, après avoir caché le blessé dans un taillis. Le troisième français s’est enfui. De leur côté, les allemands regagnent leur cantonnement pour chercher de l’aide et reviennent en force.
Ils n’ont aucun mal à trouver Jean-Léon Rondineau soigné par un secouriste de la Croix Rouge, Léon Fredet, mais aussi d’autres personnes présentes sur le site qu’ils prennent en otage. Ils partent à la recherche des deux autres « terroristes ».
Le capitaine de vaisseau Gabriel Krantz, qui habite la Corbinais toute proche et qui maitrise l’allemand, essaye de parlementer pour faire libérer les otages auprès de l’Obertleutnant Werner Kretzchmar.
Ce dernier ne veut rien entendre. Il cède néanmoins lorsque ses hommes parviennent à récupérer Alfred Martin. Il relâche les otages, ne gardant que 4 témoins (MM. Jean, receveur des postes à Paimboeuf ; Labbé, cantonnier ; Eveillard, charpentier ; Foucher, marin) pour assister à l’exécution des deux hommes qu’il a programmé, conformément aux consignes militaires allemandes en vigueur. Il est un peu plus de 18 h 00.
On traîne les condamnés de l’autre côté de la route du Moulin Neuf, dans une prairie où se dresse un cormier. Une échelle est posée contre le tronc, trois brasses de fil de fer à vigne jetées autour de la branche maîtresse, une boucle autour du cou d’Alfred Martin qui avait les deux mains attachées dans le dos. Pour faire taire Rondineau qui hurlait, on l’achève d’une balle dans la tête. Quand Alfred Martin bascule dans le vide, le fil de fer casse net. Une balle vint aussi abréger son calvaire.
Les corps sont alors jetés dans une charrette qui descend vers la Loire. On les enterre dans une vasière à proximité du fleuve, près du village de la Nouveauté avec interdiction de reprendre les dépouilles.
Les suites de « l’affaire »
Il faudra attendre la Libération du secteur, le 14 mai 1945, pour procéder à l’exhumation en présence d’une vingtaine de témoins, dont la famille.
Une foule compacte accompagne alors les cercueils au cimetière de Paimboeuf.
Kretzchmar n’échappera pas à la justice. Condamné à mort par un premier procès à Angers le 26 mars 1946, il fera appel et sera jugé à nouveau le 5 juillet 1946 devant le tribunal correctionnel d’Angers, où il bénéficiera de l’aide d’un avocat, Me Perrin. Kretzchmar fut alors condamné aux travaux forcés à perpétuité.
Quant à ses deux victimes, par une ordonnance du 7 août 1945, le président du tribunal civil de Paimbœuf avait déjà officialisé la date et les circonstances de leur exécution : Alfred Martin, 35 ans, père de quatre enfants, ancien pompier de Paimboeuf, résistant du groupe Tribouillois, ainsi que Jean-Léon Rondineau, 47 ans, résistant FTP, avaient été déclarés « morts pour la France ».
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